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6 octobre 2021 (part2)

  • republicofthevoid
  • 25 sept. 2023
  • 2 min de lecture

L’un des témoins ce jour-là était le régisseur du Bataclan.

Il montrait, à l’aide d’un plan de la salle de concert projetée sur grand écran, quel avait été son parcours. Il avait accouru de l’entrée jusqu’aux portes de secours pour les ouvrir. Pour se faire, il était passé par la coursive centrale, d’où je regardais le concert.


Je quittais le plan des yeux pour, de nouveau, revoir le visage de cet homme. Un flash venait de me frapper comme la foudre : je revoyais son visage, près de six années plus tôt, déformé par l’effroi. (J’avais eu cette chance incommensurable d’être bousculé quelques secondes avant les tirs, ce qui m’avait permis d’être alerte et de comprendre que quelque chose se passait. Et c’est ainsi que j’avais vu le visage de cet homme courant vers les portes pour les ouvrir et ainsi sauver des centaines de personnes).


Ce flash inattendu, en plein milieu de la salle d’audience, me fit l’effet d’un bad trip. Comme si une drogue dure venait de m’être administrée à mon insu, me plongeant dans un mal être profond. Je sentais que cette drogue n’avait pourtant pas atteint son maximum. Elle montait en moi, se mélangeant à toutes les émotions qui s’étaient fait une place depuis le début de l’après-midi.


J’étais couvert de larmes et de sueurs froides. D’autres témoins venaient et racontaient leurs vécus. J’étais incapable de me lever pour sortir. Une sorte de paradoxe délirant était à l’œuvre : mon mal-être était immense, mais c’était comme si j’en redemandais ! Toutes ces larmes avaient forcément été contenues et il fallait qu’elles sortent. J’avais tant fait d’effort pour travailler sur mon traumatisme ces derniers mois que je ne voulais pas laisser une occasion pareille m’échapper : les portes étaient ouvertes et j’eus la très nette impression d’avoir remis un pied dans le Bataclan.

 
 
 

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