30 juin 2022

Je m'étais endormi la veille, paisiblement, avec les mots « perpétuité incompressible » pour seule musique. Le 30 juin, je me réveillais avec un enthousiasme sans pareil : un immense espoir me venait à l’esprit !

Me réjouir que des hommes, même coupables, allaient passer leurs vies en prison ? Ce n’était pas en cela que je me réjouissais, bien qu'ils ne l'aient pas volé.

C’était que la Justice s’était donné les moyens de fonctionner. C’était d’avoir eu le courage de creuser nos passés, d’avoir eu le courage d’aller à la barre et par-dessus tout, de sortir collectivement grandis de tout cela, puisque nous avions donné les moyens aux accusés d’être entendus et défendus en respectant l’œuvre de Justice ainsi que ses nombreux protocoles.

Au travers de mes lectures et de mes rencontres, j’avais eu l’occasion de constater l’échec de nos sociétés modernes à construire du commun. A ne pas avoir su remplacer la morale des mythes anciens, des grands préceptes religieux farfelus ou encore le dépassement politique (et la chute des partis traditionnels) par autre chose... que rien !

Ce procès a pourtant su montrer l’importance de nos institutions et de nos valeurs face aux différentes régressions du monde actuel, et au-delà de cette légère satisfaction éphémère, je n’espérais qu’une chose : que la Justice soit ! qu’elle continue ! puisqu’elle venait de prouver qu’elle pouvait être à la hauteur !

Si pendant 10 mois, tout a été dit, entendu, débattu et notifié, alors ce qui devrait être la préoccupation de tout un chacun aujourd’hui, c’est l’exigence.

L’exigence envers soi, d’abord, pour que la révolution numérique ne soit pas une énième occasion de faire régresser nos liens sociaux et nos valeurs.

Exigence envers soi, pour ne pas céder à l'ultracrépidarien qui est en chacun de nous, et faire preuve de retenue, autant que possible, lorsque l'on en sait peu.

Exigence envers soi, mais aussi et surtout, exigence envers l’Etat.

Pour que s'achève le règne de l'impunité et pour que les procédures s'accélèrent, non pas en les bâclant, mais en leur donnant des moyens humains, et donc financiers.

Pour que l'Etat donne à la justice les moyens de mériter de s’écrire avec une majuscule, et pas seulement quand elle a rendez-vous avec l’Histoire et les médias.