6 octobre 2021 (part1)
- republicofthevoid
 - 18 sept. 2023
 - 2 min de lecture
 

Je n’avais pas eu le courage d’aller au procès dès le mois de septembre. Mon avocat m’avait d’ailleurs communiqué le programme et je n’avais pas d’intérêt particulier pour les images et enregistrements macabres des premiers jours.
Le 6 octobre fut le début des témoignages des victimes du Bataclan.
J’y allais davantage pour prendre le pouls que pour vivre une catharsis quelconque. Aurai-je le courage de me lever pour aller à la barre ? Puis d’expliquer mon parcours et toutes les situations de ma vie que l’attentat avait impacté ? Ces questions étaient dans un coin de ma tête mais c’est pourtant avec une certaine insouciance que je franchissais, pour la première fois, les portes du Palais de Justice de Paris.
Ce détachement, je l’avais obtenu deux jours plus tôt, lorsque mes lèvres avaient frémi pour la première fois au baiser de cette femme sublime, rencontrée à la fin de l’été.
Je découvrais alors la salle d’audience et m’y installais avec mon avocat.
Pendant plus de deux heures, des émotions montaient en moi, mais j’étais assez surpris de me voir si fort, si digne. Quelques larmes faisaient leurs apparitions sur mes joues, ce qui était tout à fait normal.
Mais après une suspension d’audience au milieu de l’après-midi, je retournais y assister seul.
Cette fois, au fur et à mesure que je fixais un des écrans qui retransmettaient ce qui se passait à la barre, ma vision se brouillait. Je ne voyais que l’écran, obnubilé par les discours tristes des témoins qui s’enchaînaient. A chaque passage, une phrase ou tout un pan de vie me plongèrent un peu plus dans un abîme familier. Le processus d’identification était inéluctable : nous découvrions tous que ce qui nous réunissait alors, était aussi, très probablement, ce qu’il y avait de plus sombre dans nos passés respectifs.
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