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6 juin 2022

  • republicofthevoid
  • 8 nov. 2023
  • 2 min de lecture

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Mon ami, qui était mon ancien guitariste et qui avait quitté le Bataclan quelques minutes après moi, était devenu ingénieur du son.

J’avais fait quelques mises à jour de mon album chez lui pour y voir plus clair dans mes chansons.

Je venais de passer un an et demi à écrire et à enregistrer mes idées, mais c'est bien grâce à son exigence à lui que j'ai pu repartir, encore, pour quelques mois de ré-enregistrement afin d'avoir un résultat plus convaincant.

En Mars 2016, lorsqu'il avait voulu approfondir notre travail de groupe en travaillant notre son, je m'étais défilé. J'avais mis fin à mon dernier groupe, car j'avais d'autres choses à vivre à cette époque.


6 ans sont passés, et tout m'a rattrapé. Le trauma comme la musique. Par chance, il s'agît là d'un problème et de sa solution.


Il était temps de faire cet album de Rock dont j'avais toujours rêvé. Plus question de se défiler.

Mais avant de me replonger dans les ré-enregistrements, je profitais d'être dans le Sud pour prendre un peu de "vacances", le temps d'une semaine, chez un autre ami, à Nice.


Le soir, mon ami Niçois prenait de mes nouvelles sur la façon dont j’avais géré le procès et les années d’avant. Nous ne nous étions pas vus depuis quatre ans.


Mon ami était en colère. Il avait, dans son discours, des idées rétrogrades, notamment sur la peine de mort. Bon sang ! Si on m’avait donné un euro à chaque fois que j’avais entendu quelqu’un revenir sur ce châtiment archaïque...


Il était scié de voir à quel point je préférais la prison à la guillotine. Il avait l’impression de voir en moi un petit bisounours de gauche aux valeurs catholico-masochiste, capable de tendre l’autre joue. J’étais plutôt contrarié d’être perçu comme un bisounours catho, alors j’argumentais.


Au fur et à mesure, il a voulu me pousser dans mes retranchements en me demandant de lui dire ce que j’aurai dit face à un terroriste.

Cette demande étant pour le moins gênante, j'ai été troublé. Puis je me suis soudainement souvenu l’avoir déjà fait. C’est ainsi que je lui proposais de lui lire mon témoignage fait deux semaines plus tôt.


Il n’aura fallu que quelques lignes pour qu’il fonde en larmes. Faire pleurer cet homme-là n’était pas une mince affaire. Il me demanda néanmoins de poursuivre ma lecture. A la fin, il me prit dans ses bras pour une étreinte de quelques secondes entre hommes virils. Puis il me lâcha en précisant :

« Ça fait 10 ans que je n’ai pas chialé enculé ! »


Je ne l’ai certainement pas fait changer d’avis sur l’abolition et je n’ai probablement soulagé aucune colère.

Mais j’ai simplement pensé, que c’était probablement là une façon bien sudiste de me dire "je t’aime".

 
 
 

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