27 août 2021 (part2)

Elle est entrée dans le gîte, habillée d’une élégante robe verte, la tête couverte d’un large chapeau de paille. Elle semblait chercher son chemin alors qu’elle était arrivée. Elle était arrivée à la fête, et surtout, jusqu’à moi.

La cousine de mon amie était d’une telle beauté, que je me suis soudainement senti léger. Je commençais à flotter au-dessus de moi-même, comme ce délicat tissu émeraude qui ondulait au-dessus des pavés. Qu’aurais-je aimé, dès cet instant, être le vêtement qu’elle portait !

La somptuosité de cette femme venait de chasser toutes autres pensées de mon esprit.

Elle allait ainsi devant moi et les autres invités déjà présents, sans adresser le moindre signe de salutation, pour se rapprocher directement de sa cousine. Je ne pus m’y résoudre.

Je tentais d’atterrir aussi vite que possible et de regagner mon corps pour lui déclamer un « bonjour», auquel elle répondit d’une voix et d’un sourire tout aussi délicat et enivrant l’un que l’autre.

Ce même « bonjour » lui fit tourner ses beaux yeux verts sur moi, et mon âme s’en ravissait de nouveau.

Le soir, je découvrais avec enchantement à quel point le miracle ne faisait que commencer.

Cette femme d’une splendeur éclatante était aussi, pour le plus grand bonheur de tous, une conteuse désopilante d’histoires sur sa vie amoureuse. Une vie amoureuse catastrophique dans laquelle votre aimable serviteur souhaitait plus qu’intervenir, vous l’aviez compris.

Sa narration, riche de détails aussi digressifs qu’hilarants, était ponctuée de gesticulations qui laissaient apparaître à chaque fente de sa robe des formes divines, suspendant son auditoire à chaque soubresaut de son fabuleux récit.

L’harmonie qui se dégageait d’elle alors, mobilisait l’attention des six autres convives que nous étions lors de cette première veillée.

Tard dans la nuit, après avoir beaucoup ri et pensant encore rêver les yeux ouverts, je regagnais ma chambre en ne songeant qu’à elle. Je me couchais alors avec un léger sourire au coin des lèvres.

Cette jolie rencontre m’apaisa instantanément et je m’endormis pour la première fois depuis longtemps avec des pensées plus frivoles que les peurs qui m’habitaient d’ordinaire. S’il y avait bien une chose plus puissante que tout, plus puissante même que le rock, c’était l’amour.