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13 novembre 2015

  • republicofthevoid
  • 29 mai 2023
  • 1 min de lecture

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Je ne peux pas commencer mon récit un autre jour que celui-ci.


Je ressortais du Bataclan, peut-être parmi les cent premiers. Je me confrontais, dehors, en plein Paris, à la vue de ce que je venais de fuir au dedans : des blessés, la mort, l’enfer.


C’était comme si le monde venait de changer lorsque j'étais rentré dans cette salle et qu’il avait fini par venir nous cueillir dans cette bulle festive qu’est un concert de rock.


Pourtant, le monde n’a pas changé. Ce qui est arrivé ce soir-là, était arrivé avant et est survenu, encore, dans les années qui ont suivies.


Ce n’était pas un autre monde. C’était bel et bien notre monde qui se révélait plus encore à nos yeux de la façon la plus brutale qui soit.


L’un des blessés, agonisant sur un trottoir, était maintenu par trois individus. Il restait sa main droite de disponible. Je la saisis.


L’idée, que je ne faisais que deviner, était de transporter le corps dans un véhicule jusqu’à l’hôpital. C’était là la mauvaise idée de quatre personnes qui pensaient bien faire. Car déplacer un corps demande des connaissances et des soins particuliers.


Mais je n’ai pas eu le temps de commettre cette erreur. Un autre homme est sorti du Bataclan, par la même porte de secours qui m’avait libéré, et a scandé : « ils arrivent ».


Je m’étonnerai toujours d’avoir pris le temps de regarder le jeune homme au sol droit dans les yeux avant de lâcher sa main. Il m’a rendu mon regard, à moi, parfait inconnu, et je suis parti.


 
 
 

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